B : L'Angola
Du 12 au 18 aout 1974 : nous sommes bloqués à Luanda, impossible de récupérer la voiture qui reste sur le bateau pour l'instant....nous nous sommes installés dans le camping où ce viel anglais qui vient du kenya en passant par l'afrique du sud, c'est à dire notre voyage dans l'autre sens, nous donne un tas de "tuyaux" sur les pays anglophones. Dans quelle galère nous sommes-nous mis, la nuit nous entendons les tirs d'armes automatiques....?
Mercredi 21 : En quittant Luanda nous ne sommes pas rassurés et nous décidons de descendre jusqu'à Lobito aujourd'hui pour nous éloigner des violences de ce début de guerre. Déjà un mois que nous avons quitté Libreville et nous ne sommes vraiment pas loin. A travers une grande savane un peu monotone très plate avec de temps en temps d'énorme bloc de granit appelé "pedas negras", nous roulons vers Lobito.
Lobito : à nouveau un magnifique port naturel. Après quelques photos nous nous dirigeons vers Benguela à travers des salines où flânent quelques flamants roses. Une fois installés au camping de Benguela, un petit vent frisquet nous fait vite dîner et rentrer sous la tente. Ici on parle à peine des évènements de Luanda, tout semble calme et normal ....?
Jeudi 22 : Après quelques courses, un peu de mécanique : la voiture s’affaisse un peu à gauche, je revisse un peu la tige de pot de suspension AR gauche pour remettre tout ça de niveau. Après nous rencontrons des Suisses qui viennent d’Afrique du Sud pour faire du tourisme. Mais ils vont s’en retourner rapidement car cette nuit, ils ont été réveillés par trois balles qui ont sifflé au-dessus de leur tête alors qu’il campait en brousse. C’est justement sur ce plateau de Sa da Bandeira que nous pensions camper demain... Il va falloir prendre des précautions!!! Durant la soirée les Suisses nous projettent des photos d’Afrique du Sud et en même temps nous donnent des « tuyaux » pour la suite du voyage.
Vendredi 23 : Nous partons pour Sa da Bandeira. En début de journée nous roulons à travers la même savane où des feux ont été allumés pour chasser.
Puis nous remontons sur le plateau où l’air redevient sec, pur et frais. Il y a beaucoup plus d’arbres et il y a aussi de grands champs de cultures européennes : céréales, blé, orge. Sur le plateau nous roulons tranquillement car nous rencontrons des femmes se promenant les seins nus avec des colliers aux jambes et au cou et elles sont toutes contentes d’être prises en photos. C’est bien la première fois que nous voyons des africains aimer se faire prendre en photo.
Arrivés à Sa Da Bandeira, nous allons au camping. Après l’installation nous cherchons une adresse qui nous a été donnée par un ami de Libreville. Mais il n’y a personne et nous rentrons et dormons dans la voiture car il fait très froid : 15° C dans la voiture nous ne sommes plus habitués à ces températures!!
Samedi 24 : Nous nous levons à 6 h 30 car le très beau camping où nous sommes, est entouré d’un circuit automobile sur lequel il y a des courses aujourd’hui. Il faut avoir quitté le camping avant 7 h. Nous allons prendre notre petit déjeuner au-dessus de la ville, au pied du Christ Roi situé à 2200 m d’altitude. Nous pouvons admirer cette très belle ville sous un ciel bleu qui n’est pas bleu ciel mais bleu roi, et un air d’une pureté comme seuls l’Angola et le Sud Ouest Africain sont capables de vous offrir. Nous découvrons ces magnifiques arbres violet mauve : les jacarandas.
Après ce superbe point de vue nous redescendons en ville pour nous ravitailler : la vie n’est vraiment pas chère. Sa Da Bandeira est très bien entretenue. Il y a peu de feux rouge mais beaucoup de rond-point très fleuris. Tout est : priorité à droite. Prudence car les Portugais roulent très vite. Et en plus tout le monde roule sans assurance, nous aussi... Il y a beaucoup de magasins d’accessoires auto : les portugais sont vraiment des passionnés d’automobiles.
Nous sommes surpris par cette ville. On y croise aussi bien des Angolais Noires habillés «costume, cravate », qui se déplacent en Mercedes dernier modèle, que des Portugais Blancs montés à dos d’âne tirant une petite carriole. Les femmes Angolaises que nous avons doublées sur le plateau hier sont dans les mêmes tenues indigènes en ville et dans les magasins!
Après avoir bien cherché la route de Moçamedes pour cause de travaux nous la prenons en début d’après midi. En 17 km nous descendons les 1700 m de dénivelé par une route très impressionnante et très bien tracée.
Arrivés à l’embranchement pour Iona nous empruntons la piste sur quelques km pour constater qu’elle est tout à fait praticable... Et cela nous rassure pour demain...
À Porto Alexandre, nous cherchons la mission, mais il n’y a pas de pères ils sont partis ou malades. Dans une salle de jeu de la mission des jeunes Noirs et Blancs se côtoient sans aucun racisme. Ils nous invitent à discuter avec eux, puis à dormir dans cette luxueuse salle.
Nous acceptons de bon cœur car même les habitants du pays sont surpris par cette température anormalement basse pour la saison.
Le temps de dîner dans la voiture à cause des frimas et nous sommes invités chez un professeur qui parle anglais et français. Nous discutons jusqu’à 23 H et nous laissons une partie de nos affaires chez eux (entre autre la grosse cantine) afin de nous alléger pour demain dans le désert. Ils nous invitent à dîner à notre retour! Ils sont vraiment sympathiques ces Portugais du bout du monde...
Dimanche 25 Août : Nous voulons faire une incursion dans le parc national de Iona. Alors nous décidons d’aller à Porto Alexandre pour nous rapprocher de l’embranchement, également pour obtenir des renseignements et voir l’état de la piste... Après quelques photos de Moçamedes et encore quelques difficultés pour trouver la route de sortie car il y a très peu de pancartes, nous prenons tranquillement la route à travers ce désert qui déjà nous fascine. Ce désert est tout plat et sans cailloux : c’est vraiment l’image qu’on se fait du désert! Dans ce désert on trouve les « Welwitschias Mirabilis ». Cette plante n’est pas très mirobolante : c’est un genre de cactus rampant qui ne pousse que dans cette partie du globe. Ce cactus peut atteindre une dizaine de mètres de diamètre et vit plusieurs milliers d’années. Cette plante est en faite apparentée aux conifères.
Lundi 26 : Nous partons en emportant un jerrican de 20 litres par prudence... Nous retrouvons la piste pour Iona. Elle devient très vite caillouteuse. Il faut réduire l’allure. Après une dizaine de km, nous tombons sur une grande mare résiduelle qui date de l’an dernier. Il avait beaucoup plu. La route est déviée au milieu d’arbustes qui ont du pousser rapidement. A la sortie d’un virage, je tombe dans du sable et surpris, me « plante ». Alors que nous commençons à remettre du sable sous les roues une Land Rover arrive et ses passagers nous poussent sur quelques mètres et c’est reparti...! Quelques km plus loin nous arrivons à nouveau sur une rivière asséchée. Heureusement que nous avons allégé la voiture car en prenant de l’élan nous arrivons juste à traverser. Ce sable ne tient vraiment pas sous les roues. Et puis la 3CV n’est pas la DS, il lui manque quand même des chevaux.... Il va falloir s’apprendre à rouler dans le sable!...
Le paysage devient moins désertique, il y a un peu d’herbe roussie par la saison sèche. La route devient plus sinueuse avec de bonnes petites « grimpettes » pleines de gros cailloux qui raclent sous le moteur et le châssis.
Avant chaque traversée de rivière asséchée nous arrêtons pour repérer le meilleur passage, reculer pour prendre le maximum d’élan, et « larguer » le passager pour gagner du poids.... Ah ! cette fois-ci, impossible de s’élancer : la rivière a raviné et la voiture se trouve devant une véritable marche à descendre. Je descends cette marche et aussitôt essaye de prendre de la vitesse, mais la voiture s’immobilise après seulement un mètre.... je n’insiste pas pour ne pas l’ensabler. Il est 15h15, nous avons faim et soif, alors un thé et un petit casse-croûte pour se calmer et reprendre des forces....
La pause terminée, Michelle prend le volant et je pousse!... Il faut jouer de l’embrayage sinon c’est l’ensablement....Mais Michelle s’en sort fort bien!
Après nous avons droit à 40 km de tôle ondulée . Il est impossible de s’élancer et nous devons la prendre à 30 km/h ... Mais après tout, nous avons le temps et le paysage est tellement beau ! Nous nous arrêtons pour prendre les Welwitschias en photo. La température est des plus agréable. Par endroit, apparaissent plusieurs pistes parallèles ; il faut choisir : le sable en roulant vite pour ne pas s’enliser ou la tôle ondulée en roulant lentement!...
La piste s’améliore et devient sableuse. Nous roulons un peu plus vite et poursuivons un couple d’autruches avec leurs sept petits à près de 55 km/h. Puis nous effrayons une antilope typique de la région appelée « springbok » : nom pris par l’équipe de rugby d’Afrique du Sud. Elle est rapide et fait de très grands bonds en zig zag.
Le soleil baisse, l’éclairage et la lumière sont magnifiques sur ces blocs de granit orangés disséminés au milieu des cactus candélabre et quel calme quand on s’arrête!!... Nous avons fait le nombre de km correspondant à la carte et nous devrions être à Pediva mais rien!!... Pas une case... Alors nous stoppons, marchons à pied jusqu’à un monticule pour scruter les environs...
D’un coté nous apercevons des tentes et du matériel : sans doute les prospecteurs de cuivre dont on nous a parlé à Porto Alexandre. Ils en ont trouvé exploitable à ciel ouvert paraît-il ? ... Mais il n’y a personne semble-t-il ? De l’autre coté, nous apercevons de la fumée et des tentes. Il y a une Land Rover et des gens qui s’activent... Nous allons nous y rendre...
Dans la précipitation, car le soleil se couche, et dans ces régions la nuit tombe en ¼ d’heure, nous nous ensablons dans le lit de la rivière qui nous sépare de ces campeurs. Nous faisons connaissance avec eux : ce sont deux pères Portugais du nord de l’Angola venus en vacances avec leurs vieux parents. Ils sont accompagnés de toute une famille africaine qui les sert...
Ils sont équipés de carabines pour chasser. Il y a un four en brique planté au milieu du désert pour cuire le pain et la viande de chasse. A quelques enjambées de là, il y a surtout une source chaude dans laquelle les vieux parents Portugais viennent soigner leurs rhumatismes.. Nous plantons la tente près de leur campement.
Nous nous rendons à la source, nous façonnons une baignoire de sable et prenons un bon bain chaud, au clair de lune, en plein désert. Après nous nous endormons vite car nous avons mis la journée pour parcourir la centaine de km depuis Porto Alexandre et nous sommes épuisés.
Mardi 27 : Nous avons dormi d’un sommeil lourd... Ce matin, en ouvrant la tente, nous constatons que du sable fin et propre a été étalé devant notre « pas de porte ».
Il y a aussi une Land Rover de plus. Elle est arrivée dans la nuit et nous n’avons rien entendu!!
Pendant une paire d’heures nous marchons dans la montagne environnante pour admirer le désert. On ressent quelque chose d’étrange... On est tout simplement bien... avec sous les yeux une vue magnifique sur le désert. A l’horizon, ce doit être le Sud Ouest Africain que nous pouvons contempler... Puis nous redescendons et nous nous baignons à nouveau dans la source chaude.
L’après-midi nous allons chasser la gazelle avec les Portugais et le père Hollandais arrivé cette nuit. Mais nous ne voyons que des autruches...
Mercredi 28 : Après un repas de steak de gazelle aussi tendre que la rosée, nous sillonnons ce très beau désert : nous voyons des springboks et des autruches...
Le soir nous discutons de l’Angola. Nous sentons comment les Portugais se sont vraiment intégrés dans ce pays. Les nomades bergers que nous rencontrons dans ce désert dont certains n’ont peut-être jamais été à l’école, parlent couramment portugais...
Plus de 20 ans après, je me souviens de ce pays comme si c’était hier et c’est vraiment la contrée d’Afrique où j’aimerais le plus retourner . Mais après 22 ans de guerre qu’est devenu ce pays également très riche en ressource minière et agricole ?
Ce petit four est en plein désert est à quelques mètres de la source chaude où cette vieille portugaise et son mari venaient soigner leurs rhumatismes. Aujourd'hui malheureusement, je crois savoir que malheureusement ce magnifique désert est plein de mines anti personnelles
Jeudi 29 : Nous retournons tranquillement vers Porto Alexandre. Je commence à mieux maîtriser la voiture dans le sable... Nous ne mettons que quatre heures pour faire les 101 km et sans s’ensabler une seule fois....
Le soir nous répondons à l’invitation des Portugais. A la fin du repas, ils nous offrent le contreplaquet pour aménager notre « car ».
Vendredi 30 : Toute la journée, je travaille à l’aménagement de la voiture. Je n’ai que du contreplaquet de 4 mm, une égoïne, une perceuse et des rivets Pop... J’achète un peu de contreplaquet de 8 mm pour les endroits qui devront nous supporter quant nous rentrerons à l’intérieur. Comment n’avons nous pas pensé à fabriquer ça à Libreville ? Le résultat aurait quand même été plus joli et mieux fini. Tout ce qui était dans les différentes caisses et en vrac derrière disparaît dans les casiers et il reste de la place...!!
Nous donnons la caisse à outils à nos amis Portugais ainsi que la caisse photo.
Samedi 31 août : Je termine les finitions pour être sûr que nous ne passerons pas à travers les couvercles des casiers quand nous dormirons ou nous nous aimerons...
L’après midi nous offrons un cadeau à nos amis et ils nous emmènent à « Capo Negro » où une plaque de 1485 commémore l’échouage d’un bateau portugais. Un des premiers à faire route vers les Indes...
Capo Negro : le désert et la mer
Dimanche 1 septembre : Nos hôtes nous emmènent au parc zoologique voir les Oryx et les chameaux qui étaient les anciens moyens de transport de ce désert. Ils nous apprennent aussi à reconnaître, dans l’ethnie de ce désert, les femmes mariées ou non, le nombre d’années de mariage, le nombre d’enfants, la richesse et le nombre de bœufs que l’homme a mangés...Tous ces signes se font par les bijoux et colliers. Par exemple, le nombre d’enfants d’une épouse correspond au nombre de tresses qui lui écrasent les seins.
Il pleut aujourd’hui et c’est l’événement, car la saison des pluies ne commence normalement qu’à la mi-octobre.
Lundi 2 : Après un chargement compliqué et volumineux sur la galerie nous prenons des photos de nos amis. Nous promettons de les envoyer à notre arrivée en France. Ce que nous ferons un an plus tard... et la lettre et les photos envoyées, nous reviendrons en France encore un an après... C’est à dire que ces photos prises en septembre 1974 nous reviendrons en septembre 1976. Nous n’avons plus jamais entendu parler de ces sympathiques Portugais. Ils ont sans doute émigré vers l’Amérique du Sud.
Après des adieux chaleureux, nous prenons la route de Sa Da Bandeira mais en passant par Villa Ariaga. Notre ami photographe, Jean Trolez, de Libreville nous a donné une adresse à Assunçao, où nous devons remettre des photos à une famille chez qui il séjourna. Ces Portugais n’habitent plus l’adresse que nous avons mais une ferme d’essai à quelques km Nous nous y rendons. Après un accueil toujours aussi sympathique, ces éleveurs nous font visiter cette superbe ferme de reproduction bovine. Puis ils nous invitent à déjeuner. Ils sont enchantés des belles photos noir et blanc de « monsieur Jean ».
L’après-midi je fais des photos d’Angolaises sur la place d’un village et ça se passe assez mal... les maris veulent de l’argent pour aller boire... je refuse et il faut « palabrer »...
Pendant ce voyage nous ferons près de 10500 photos : jamais nous ne payerons, parfois quelques friandises ou de la nourriture pour les enfants. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons assez peu de photos d’indigènes...
Mardi 3 : Le camping est bien rempli et j’en profite pour vendre la cantine. La grosse caisse isotherme est aussi bradée. Elle ne sert pas beaucoup car ce n’est pas facile de trouver de la glace. Nous nous débarrassons des sacs en toile pris pour se désensabler et qui n’ont pas du tout fait leur preuve dans le désert. Nous avions tout pesé avant de partir de Libreville et nous avons pesé à Porto Alexandre le contreplaquet mis dans l’aménagement : une fois les opérations faites c’est près de 10 kg que nous gagnons!
Mercredi 4 sept 1974
A quelques kilomètres de Sa Da Bandeira il y a une faille de 900m dans le plateau qui permet d'admirer le desert qui va jusqu'à la mer.
De retour à Sa Da Bandeira, une SM nous double sur la piste, alors que nous admirons ce magnifique coucher de soleil
Jeudi 5 sept 1974
En plein désert ces nomades Huila vivent de leurs troupeaux.
Le plus beau portrait de notre tour d'Afrique
Ces femmes ont les cheuveux couverts de bouse de vache
A quelques km de la frontière du South West Africa aujourd'hui Namibie, nous doublons cette grande termithière cathédrale
La suite c'est :
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3 : South West Africa ou Namibia - Le blog de henri2
SOUTH WEST AFRICA ou LE SUD OUEST...
http://le-tour-d-afrique.over-blog.net/pages/3_South_West_Africa_ou_Namibia-2299940.html