K : Le Kenya et la Tanzanie (les réserves)
Tsavo
Mardi 4 février 1975 : Nous devons aller à Mombasa pour changer de l'argent. De retour à Tiwi, nous allons marcher sur la plage. Puis je repeins les jerricans qui commencent à être très rouillés et un peu négligés.
Mercredi 5 : nous restons à Tiwi. Je fais une deuxième couche de peinture aux jerricans, et je passe la matinée à restaurer un peu la voiture, car la traversée d'est en ouest ne va pas être facile...?Après : plage. Nous dînons et nous couchons tôt pour une fois.
Jeudi 6 : la matinée est consacrée à écrire. Ensuite j’emmène un Suisse pour faire réparer sa direction. J’en profite pour ressouder moi-même les divers endroits de la voiture qui en ont besoin. Je fabrique aussi une pince à glace, car les accroches glace sont avec la tôle ondulée cassés depuis quelques temps déjà. Ensuite retour à Tiwi et nous profitons à nouveau de la plage.
Vendredi 7 : repos, plage, bain.
Samedi 8 : Il faut quand même quitter ce coin de paradis. Nous sommes reposés et la route nous « démange » à nouveau…Quelques courses à Mombasa et nous prenons la route de Nairobi. Il fait une chaleur épouvantable. Le paysage est complètement desséché par ce soleil de plomb. Il souffle un vent d’ouest extrêmement sec. Plus nous nous éloignons de la côte plus il devient sec. L’hygrométrie diminue, malgré la chaleur nous sommes moins dégoulinant de sueur qu’au bord de mer.
Nous remontons à nouveau sur un plateau. Nous sommes relativement vite à Tsavo et nous payons pour l’entrée : 20 Shillings chacun, 10 pour la voiture et 10 pour le camping. A ce prix là le camping ne doit pas être terrible. Effectivement il n'y a aucune protection et nous ne nous risquons pas à monter la tente. Il nous faut chercher de l’eau et prendre la douche à 2 km de cette aire de campement où nous sommes seuls.
Nous en profitons pour faire un petit tour et nous voyons des éléphants et des buffles rouges.
Ce n’est pas une illusion, non ils sont bien rouges à cause de la terre.
Nous rentrons au camp et allumons un feu dont nous nous serions bien passés vu la chaleur mais comme nous sommes seuls, il vaut mieux éloigner les animaux sauvages… Après la tombée de la nuit, dés que le feu se meure nous nous couchons. La nuit devient fraîche et bien ventée ce qui nous permet de récupérer des grosses chaleurs de cette journée.
Ce campement n'est pas très rassurant ! Encore une nuit à dormir sur une oreille seulement !
Dimanche 9 février 1975 : nous tournons dans le parc pendant toute la matinée. Vers midi nous apercevons un léopard et une lionne pas très loin l’un de l’autre. Nous nous risquons hors de la piste, ce qui est interdit, mais nous voulons prendre des photos de plus près. Nous pique-niquons en regardant ces deux fauves qui s'observent. Bien évidemment nous restons à l'intérieur de la voiture. Un buffle et un bubale de Cobe arrivent pour venir boire dans une marre. Que va-t-il se passer ? Et bien il ne se passe rien. La lionne et le léopard doivent être repus.
Nous allons à Mziza springs. Ce sont des sources résurgentes où l’eau est très claire et les Anglais ont installé un aquarium souterrain. Nous pouvons y observer les poissons et les hippopotames de la rivière.
Puis nous prenons la piste pour Amboseli. Alors que nous sortons de Tsavo, nous voyons notre premier rhinocéros. Au loin nous apercevons déjà le Kilimandjaro mais il est couvert de son petit chapeau de nuages. Nous parcourons rapidement les 80 km entre les deux parcs malgré une très mauvaise piste. Nous traversons des champs de lave très noire et complètement inculte. Nous commençons à monter un peu sur les premiers contreforts du Kilimandjaro et dépassons beaucoup de Masai qui marchent le long de la piste, et nous doublons aussi leurs villages très spéciaux avec des cases très basses. Le toit est en terre et l’ensemble se noie dans le paysage. Ces villages sont complètement entourés d'épineux pour se protéger des grands fauves. Après un arrêt photos, impossible de redémarrer… Que se passe-t-il ? Après quelques temps ça repart ?
troupeau de buffles nous observant , impressionnant !
nous traversons des champs de lave
Et bientôt , nous apercevons le Kilimanjaro
Amboseli
Il commence à se faire tard, et nous devons trouver le campement. Je roule vite car la tôle ondulée et sévère. Et comme la fatigue se fait sentir, j'évite de justesse un impala. Nous arrivons au seul campement. Nous nous apercevons qu’il n’y plus d'eau. Les gardes ne nous ont rien dit. IL faut ressortir du campement et aller au pied du Kilimandjaro pour trouver l'eau d’une source. Nous y allons car Michelle veut absolument prendre une douche. Quant nous revenons la nuit est tombée. Nous sommes encore seuls dans ce campement sans aucune protection. Mais quel décor !
Il y avait en 1975 encore beaucoup de neige sur le Kilimanjaro
Village Masai
Masai
Lundi 10 février 1975 : nous nous levons avec le soleil à 6 heures. Michelle est couchée derrière et je l'emmène voir le lever de soleil sur le Kilimandjaro, qui ce matin est complètement dégagé dans un ciel rougeoyant.
Nous faisons de très belles photos d’animaux avec en arrière plan les neiges roses du Kilimandjaro. Nous montons sur les pentes du Kili pour prendre de la hauteur et avoir une vue plus aérienne. Nous apercevons des éléphants et un rhinocéros. Nous les localisons, prenons des repères, redescendons et nous approchons de ceux-ci à moins de 10 m. Le rhinocéros recule devant les éléphants. Comme hier un léopard est devant un buffle sans bouger.
Alors que nous observons un autre rhinocéros, et que je veux reculer, car je le trouve un peu trop près, 3 ou 4 m, je m'aperçois que derrière moi il y a trois éléphants vraiment très près. Que faire ! Nous ne pouvons plus ni avancer ni reculer. Alors il n'y a plus qu'à attendre que les éléphants aient fini de paître et s'en aillent plus loin car je ne peux plus avancer…
Coincés entre Rhino et éléphants
Après toute une série de photos, nous quittons Amboseli pour Nairobi. Nous traversons un petit désert où la tôle ondulée est terrible.
Nous n'avançons pas vite car nous avons le vent dans le nez et la route grimpe car Nairobi est à 1.660 m d'altitude. L’air est de plus en plus pur. L’hygromètre indique 40%. Grâce à l'évaporation, l’eau dans la gourde en toile est vraiment bien fraîche. Comme nous montons la vue et de plus en plus dégagée et nette! Nous apercevons les pentes du Kilimandjaro. Malheureusement dans la journée il accroche sa couronne de nuages.
Nairobi est une ville assez neuve grande et propre. Certainement l'une des plus belles d’Afrique avec les villes du Cap et d’Alger. Il y a beaucoup de voitures et de circulation.
Puis nous allons nous entasser à " city parc ". Après deux journées très belles à Tsavo et Amboseli, nous avons du mal à nous ranger comme dans un parking dans ce petit camping bourré uniquement de voyageurs. C'est vraiment une faune très spéciale ici… Impossible de monter la tente. Il n'y a pas assez de place.
Nous nous couchons de bonne heure car je suis mal fichu. Nous écoutons France-Inter que nous captons très bien. Il fait très frais et nous endurons les pulls en soirée. La nuit, une bonne couverture est la bienvenue.
Nairobi
Mardi 11 février 1975 : nous tournons une bonne partie de la journée dans Nairobi pour essayer d'avoir des informations sur le Zaïre et obtenir un visa. Il nous faut également faire venir de l'argent de France car nous n'en avons plus assez pour faire la traversée d'est en ouest. Après quelques courses au marché, nous rentrons au camping à 15 heures.
Nairobi
Michelle n'est pas très en forme et ne veut pas m’aider, ce n'est pas facile de se diriger dans ces villes inconnues en consultant les plans et en conduisant...
De retour au camping, je change les pneus car l'armature métallique est visible à certains endroits. Après une douche glacée, nous discutons beaucoup avec tous les campeurs pour essayer de trouver une route vers le nord soit par le Soudan et l'Égypte soit par le Soudan et la république Centrafricaine ou alors prendre un bateau pour les Indes et revenir par Kaboul, Bagdad, Istanbul…
Mercredi 12 : La nuit portant conseille, nous allons sûrement opter pour le Soudan, la République Centrafricaine etc… Et nous commençons nos démarches dans les différentes ambassades, pour le visa du Soudan puis le visa de Tanzanie. Nous allons la Poste. Et nous passons près d'une heure à chercher un autre camping. Nous le trouvons et nous y pique-niquons, il est vraiment très chouette et très calme. Nous revenons en ville pour faire quelques courses et changer de l'argent puis nous rentrons à " City park ".
Jeudi 13 : nous retournons à nouveau à l'ambassade du Soudan nous passons plus d'une heure à remplir des papiers nous voyons l'attachée d’ambassade qui nous explique qu'il faut un visa pour la voiture. Mais tout peut s’arranger très vite si nous trouvons un autre véhicule pour faire la route avec nous. N’oublions pas, que depuis de nombreuses années il a la guerre entre le nord et le sud Soudan. Mais comme nous restons seulement dans le sud, que nous n'allons pas dans le désert du nord, tout devrait se passer sans trop de problèmes. Puisqu’il faut attendre tous ces visas pendant plusieurs jours et que nous avons obtenu un nouveau visa pour la Tanzanie nous reprenons la route vers le sud.
Le vent nous pousse et nous sommes très rapidement à la frontière. Elle se passe sans trop de problèmes. Nous roulons jusqu'à Arusha par une route plus étroite que celle du Kenya mais très correcte. Nous sommes dans une savane vallonnée. Avant d'arriver à Arusha, nous voyons le mont Meru qui culmine à 4.565 m. Malgré une bonne giboulée, nous pouvons voir le sommet qui n'est pas recouvert de neige.
Nous nous installons au camping et dormons sous la tente où nous endurons le duvet plus une couverture.
La TANZANIE
Manyara
Vendredi 14 février 1975 : nous trouvons une assurance pour la voiture d'une durée de deux mois pour l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. Le prix est raisonnable 65 shillings.
Nous quittons Nairobi , puis nous prenons la route de Moshi, et filons jusqu'au départ des ascensions du Kilimandjaro à Marangu. Il y a seulement deux hôtels et pas de camping. Nous nous reposons un peu dans l'un des hôtels, et demandons pour un camping. Celui de Moshi est fermé. Nous redescendons donc et demandons à Moshi pour plus de sécurité mais il est effectivement fermé. Nous décidons donc d'aller voir Kilimandjaro west, mais après 20 km nous rebroussons chemin à cause de l'état de la piste. Nous essayons d'aller à Meru lodge, mais à nouveau après 10 km de piste vraiment très mauvaise, la voiture refuse de monter une côte et comme il est déjà 18 heures, nous n'avons plus qu’à retourner au camping d’Arusha. Nous dormons dans la voiture cette fois, car il est tard et je n'ai pas le courage de monter la tente.
Aujourd'hui je regrette vraiment de n'avoir pas fait cette ascension du Kilimandjaro.
Samedi 15 : nous avons fait hier 330 km pour pas grand chose. Nous refaisons le marché ce matin et nous ne trouvons pas d'œufs ni de viande. Nous n'avons mangé que deux fois de la viande depuis les chutes de Victoria, ce n'est vraiment pas beaucoup.
Puisque nous sommes à nouveau en Tanzanie, nous décidons d'aller voir le lac Manyara. Nous avons une très belle route à travers la savane. Je commence à me faire un peu de souci avec la boîte de vitesses qui siffle de plus en plus et claque aux passages des vitesses. À Makuyuri, nous prenons la piste de Manyara. Il y a vraiment de gros blocs de pierres au milieu de très grandes ondulations de tôle ondulée.
À l'entrée de la réserve, nous payons 40 shillings chacun, 10 pour la voiture, plus 40 pour le camping soit 90 shillings par jour. C'est vraiment cher dans ce coin. Nous déjeunons au camping en réfléchissant à ce que nous allons faire dans les jours qui viennent. Nous rédigeons nos cahiers. Et nous allons à l’hôtel qui domine toute la plaine et le lac de Manyara, la vue est magnifique. Le prix d'une chambre est de 380 shillings il y a là des pilotes d'avions encore en uniforme qui n'ont pas l'air contents de leur sort : boissons, chambre ou autres ?
Nous redescendons dans la réserve et dans le camping et nous sommes complètement seuls à nouveau. Alors que nous arrivons sur l’aire de camping, nous voyons une mère lionne avec ses deux petits lionceaux.
Dans cette réserve beaucoup d'arbres sont ainsi abimés par les défenses d'éléphant.
Ngorongoro crater
Dimanche 16 février 1975 : quelle nuit ! Malgré le feu qu'il a fallu ranimer à 23 heures, les éléphants n'ont fait que tourner autour de la voiture. Comme nous étions dans une forêt, ça n'a été que craquements de branches d'arbres, de rugissements. Nous ne nous sommes endormis qu'à une heure du matin. Nous nous sommes réveillés à 5 heures. Et nous nous levons de bonne heure pour être dans le parc. Nous ne voyons pas grand chose d’intéressant. Nous roulons très lentement car la multitude d'arbres rendent l’observation difficile...
La particularité de cette réserve est de voir assez souvent les lions dans les arbres. Malheureusement nous n'en voyons pas. Mais que d’arbres morts, ou abîmés par les défenses d'éléphants. Le lac de Manyara est dans une cuvette, il fait une chaleur étouffante. Nous retournons au camping pour pique-niquer à l'ombre des arbres. Puis nous faisons une petite sieste avant de repartir pour le cratère de Ngorongoro. Le paysage est très desséché, la piste mauvaise, nous croisons très peu de voitures.
La piste commence à monter. Nous arrivons dans une forêt très verte où il fait plus frais. À la sortie de cette forêt, nous nous retrouverons dans d’immenses champs de céréales cultivées aux tracteurs et à la moissonneuse batteuse.
Puis nous arrivons sous les pentes du cratère et ce sont maintenant d’immenses plantations de café très propres à flanc de coteaux. La terre est très très rouge, la lumière violente.
Nous arrivons à la porte d'entrée de la réserve du volcan. Nous perdons un peu de temps car le camping est fermé. Décidément en Tanzanie en ce moment, nombreux sont les campings qui sont fermés. Il faut dire que février n'est pas une période très touristique. Nous prenons un permis pour vingt-quatre heures : 50 shillings. Nous continuons à grimper et nous arrivons sur la crête du volcan. Une très belle vue s’offre à nos yeux. Le diamètre du cratère fait près de trois miles.
Le plus grand crater de volcan
Nous voyons que nous sommes en altitude, alors que le soleil se couche et la température est déjà très fraîche. Nous allons voir les trois hôtels car il est interdit de coucher dans les voitures près des hôtels.
Après nous allons au départ des Lands Rover qui font la navette entre la crête du cratère et le fond. Un type sympa nous indique un coin où il y a une belle vue et où nous pourrons dormir dans la voiture. Nous y allons quant nous arrivons nous voyons des africains qui sont d'accord pour nous laisser dormir pour 30 shillings mais le chef arrive et ne veut plus alors nous retournons au village où se trouvent les hôtels. En discutant nous arrivons à obtenir l'autorisation d'aller dormir dans le camping. Mais il est tard et nous sommes un peu crevés alors nous décidons d’aller au « crater lodge » pour 202 shillings avec repas et petit déjeuner. Un séchellois nous offre un café, puis nous discutons…
Après un excellent repas, nous apprécions l’excellent lit…Sans doute aussi car nous dormons l’esprit libre sans être aux aguets des bruits suspects ? …
Dans le cratère de Ngorongoro
Lundi 17 février 1975 : bonne nuit un peu courte... Nous nous levons de bonne heure. Il fait froid, neuf degrés seulement. Après un excellent petit déjeuner, nous allons tout de suite à l'arrêt des Land Rover. Nous essayons de trouver 4 personnes pour remplir une Land Rover. Mais il nous faut retourner dans les hôtels pour trouver une personne. Vers 9h30, nous prenons enfin le chemin du cratère pour la « modique somme » de 120 shillings. Nous commençons d'abord par longer la crête du cratère et nous avons une superbe vue sur la plaine de Serengeti. Puis c’est la descente très abrupte. Et nous sommes très vite dans le fond du cratère. Avant de sillonner le fond du volcan, le chauffeur nous arrête pour un arrêt « pipi ». Déjà des zèbres sont à quelques mètres de nous…
Durant trois heures , les animaux se succèdent. Nous voyons d'abord trois rhinocéros puis deux autres
et encore des lions dont un couple vient de chasser et la femelle vient vers nous, avec dans la gueule, le bébé gnou qu’elle vient de tuer.
Les lions frôlent la Land Rover car le chauffeur les excite quand ils dorment au milieu de la piste.
Troupeau de gnous
gnou
Gazelle de Thomson
hyène
Comment allons-nous faire pour ne pas payer une journée supplémentaire ? Michelle trouve une solution nous allons ressortir coté Arusha et essayer de trouver à camper dans une ferme et pendant deux heures nous tournons, un cultivateur est d'accord mais son « manager » n'est pas là et nous n’osons pas rester. Nous retournons à la porte de la réserve, et les gardiens plus sympas que les gamins qui viennent de nous lancer des cailloux, nous proposent de dormir à la porte. « Si le chef arrive, vous n'aurez qu'à dire que vous avez un problème avec la voiture » nous disent-ils...
Nous faisons nos cahiers jusqu'à 19 heures 45 et la nuit se passe sans problème. J'espère avoir pris assez de photos de tous les animaux que nous avons vus ? …
Serengueti
Mardi 18 février 1975 : après avoir pris trente litres d'eau, nous reprenons la route des bords du cratère. À peine un kilomètre et nous crevons. L’essence est très mauvaise et le moteur cliquète très fort.
Quelques kilomètres le long du cratère et nous descendons vers la plaine de Serengeti. Nous avons de très belles vues plongeantes sur des villages Masai en contrebas. Nous nous arrêtons, car nous avons rattrapé un camion qui fait une poussière effroyable.
Après quelques minutes d'arrêt, nous redémarrons tranquillement car nous avons un fort vent de coté qui fait voler la latérite et nous envoie de la poussière par la fenêtre. Il fait très chaud, le paysage est très plat et très sec. La piste est étroite avec de la tôle et surtout beaucoup de cailloux. En plus à certains endroits il y a une grosse bute de cailloux au milieu de la piste. Lors d’une glissade, un caillou projeté, sans doute, me crève le pneu arrière gauche et me casse la collerette du pot d'échappement. Décidément aujourd'hui ça va mal. À midi et demi seulement, nous sommes à l'entrée de Serengeti. Nous n'avons pas roulé vite.
Nous déjeunons et je répare un des pneus crevés avant d’entrer, puisque je n'ai plus de roue de secours. Alors que nous pénétrons dans la réserve, l’herbe devient plus verte et un peu plus haute.
Pendant que je répare ces oiseaux viennent regarder.
Nous commençons à voir des animaux des chacals et des antilopes et des gnous. Vers 15 heures nous arrivons à Seronera. Nous nous arrêtons à la première mare d’eau et ne voyons à cette heure chaude de la journée qu’un très beau héron.
Nous venons de nous arrêter pour un besoin pressant, et repartons alors qu'à quelques dizaines de mètres nous voyons 5 lions vautrés sous un arbre. Nous n'étions vraiment pas très loin…
Après nous allons au camping et je retourne dans un garage situé près des hôtels pour faire gonfler la roue de secours réparée tout à l’heure. Je n'avais pas de pompe à main pour gonfler les roues de secours mais utilisais une bougie de gonflage, qui se mettait à la place d'une bougie. L'inconvénient de ce système, et qu'il fallait démonter une bougie et en plus si j’accélérais, le moteur envoyait de l'essence dans la chambre air. Donc j'ai évité au maximum d'utiliser ce système. J'essaie également de trouver de l'eau distillée car avec les fortes chaleurs je consomme un peu d'eau dans la batterie.
Arrivés au camping, je rafistole mon pot d'échappement. Je regarde de plus près l'état de mes deux pneus coupés sur près de 5 cm. Nous écoutons les nouvelles sur RFI. Nous sommes lents dans tout ce que nous faisons. Nous devons être fatigués par les fortes chaleurs de la journée…Nous nous couchons de bonne heure car nous sommes encore seuls dans le campement et je n’ai pas envie de ramasser du bois et de faire du feu…
Réparation crevaison !
Mercredi 19 fevrier 1975 : nous nous levons tôt ce matin pour photographier le lever de soleil sur la savane qui est vraiment magnifique.
Nous passons par le garage où je fais gonfler ma deuxième roue de secours que j'ai tant bien que mal réussi à réparer en introduisant à l’intérieure plusieurs épaisseurs de chambre à air pour boucher la grande déchirure et éviter une hernie. Puis nous partons dans la réserve et tombons sur des lions. Nous voyons d'immenses troupeaux de gnous en migration qui courent et martèlent le sol en y soulevant un nuage de poussière énorme : vraiment impressionnant.
Avant que les lodges soient envahis par des hordes de touristes, à 11 h nous allons prendre un super lunch en self service. Cela nous fait tout drôle et nous pensons à un film de Jacques Tati quand nous voyons débarquer tous les touristes à 12 h alors que nous quittons les lieux…
Aujourd'hui nous avons un peu honte d'être français, car les seuls français que nous voyons, sont vraiment très bruyants et ne se font pas remarquer de façons intelligentes.
Des jeunes sympas nous demandent si nous avons vu le léopard dans l'arbre et nous indiquent où il se trouve. Nous prenons donc la route pour essayer de le trouver. Il est à plus de 100 m de la piste. C’est grâce à sa queue qui pend de la branche. Nous sortons de la piste et allons nous poster juste sous l'arbre. Il dort et ne semble pas dérangé par notre arrivée. Pendant que les touristes déjeunent et qu'il n'y a plus de circulation nous décidons de rester sous l’arbre et d’attendre...
Les nuages s'effilochent et le soleil apparaît. Cette fois nous allons pouvoir le photographier sur fond de ciel très bleu.
Et nous avons la surprise qu'il se réveille, baille s’étire et comme un gros chat, descend de son arbre et passe à moins de 2 m de la voiture.
Il descend....
Nous avons une chance extraordinaire aujourd'hui. Alors qu'il disparaît derrière la voiture je me dépêche de faire un demi-tour pour continuer de le photographier. Mais juste derrière la voiture, il y a un petit ruisseau où il disparaît le temps de la manœuvre et nous ne le voyons plus et pourtant, il est là, caché à quelques mètres de nous...
Vers17h30, nous passons à l'immigration et l’essence, mais tous deux sont fermés et nous rentrons au campement où après un repas frugal nous faisons nos cahiers de bord et nous nous couchons.
Jeudi 20 février 1975 : Nous quittons notre campement pour l'immigration, les policiers nous disent qu'il faudra s'arrêter à Lobo lodge. Nous prenons donc la route vers le nord avec un peu de regret, mais le prix de cette réserve et vraiment exorbitant.
Ce matin nous avons à nouveau de la chance et nous voyons un vieux lion solitaire tout près de la route avec son buffle éventré.
Nous roulons très lentement et nous arrêtons souvent pour admirer les animaux.
Le jaribu
Gnous et Zèbres
Cobe
Phacochère
Retour à Nairobi
Aigle serpentaire
A Lobo, nous trouvons un superbe hôtel construit autour de rochers, nous faisons pointer nos passeports. Puis nous reprenons la piste à travers un paysage toujours constellé d’animaux et passons d'une réserve à l'autre en même temps que d’un pays à l’autre sans aucune formalité... Bizarre… Le paysage est à nouveau plus vallonné.
A 13 h 45, nous arrivons au lodge de Keekorok. Il est trop tard pour le lunch qui se termine à 13 h 30. Mais à force de palabre nous réussissons à pouvoir déjeuner quand même. Ce buffet est très copieux, très bon et pas cher et nous nous en mettons plein la pense...
Nous reprenons la route vers le nord. La piste est large mais très dure. A Naroc, nous achetons du pain. Nous retrouvons du goudron, après une semaine de piste cela nous semble bon. Nous traversons la très belle et très grandiose vallée du Rift. Cette faille qui joint les grands lacs et qui tente de couper l’Afrique en deux.
Après deux arrêts de police, nous arrivons à Nakuru et nous retrouvons la grande route de Nairobi à Kampala en Ouganda. Il y a beaucoup de circulation et nous décidons de « pédaler » jusqu’à City parc.
Nous arrivons à 20 heures 30 dans le camping toujours aussi surcharger. Nous rencontrons la première voiture de français depuis sept mois que nous sommes partis. Nous sympathisons tout de suite. Et combles du hasard nous tombons sur le fameux « Jeannot ».
Malgré la fatigue nous discutons tard et mangeons tous ensembles. Il y a également un couple de très jeunes français pas plus de 18 ans qui arrivent d'Ethiopie et d'Égypte. Nous discutons jusqu'à une heure du matin. Jeannot est toujours aussi délirant… Ses nouvelles expressions qu’il met à la fin de chaque phrase sont « cool » et « pas possible ». Il est toujours aussi souriant et communicatif. Mais qui était donc ce Jeannot que nous connaissions de longue date ? C'est le fils d'une grande famille bordelaise. Il était à l'époque un peu plus âgé que nous et devait avoir la trentaine. Nous l’avions connu au Gabon . C'était un routard de l'époque qui avait été jusqu'à katmandou et avait silloné toute l'Afrique dans des conditions très dures...
Nairobi
Nairobi
Vendredi 21 février 1975 : « la fatigue est dans le corps », comme disaient les gabonais, nous nous levons pour aller en ville faire tamponner nos passeports, puis changer à la banque, la poste, les courses, le marché, et nous allons chez Citroën pour voir s’il y a des pièces de boite de vitesse car il faut absolument que je regarde cette boite qui claque de plus en plus. Il n’y a aucune pièce évidemment.
Nous rentrons à city parc vers 14 heures et nous discutons avec Jeannot, Nous fêtons les retrouvailles et commençons à « refaire » l’Afrique en de grandes discussions sympathiques autour d'une bouteille de whisky.
Comme je commence à cuver, les Suisses arrivent. Et c'est reparti pour un tour, nous nous couchons encore très tard.
Samedi 22 : je suis fatigué et me lève avec un « casque » plus que colonial. Nous ne faisons rien de la journée que de discuter avec Jeannot. Il veut monter en Ethiopie avec les Français.
Les Suisses sont à l'ambassade du Soudan sans résultats et sont d’accord pour faire le Soudan avec nous… Nous passons encore une nuit à city parc.
Dimanche 23 : J’attaque la boîte de vitesse. Il y a des écrous de desserrer et de la limaille un peu partout. Le roulement arrière de boîte est complètement fichue. Je nettoie tout pour être prêt à remonter demain. L'après-midi, nous assistons à une vente aux enchères dans city parc, ce n’est pas triste. Tout à chacun essaie de se débarrasser de ses « merdes ». Le soir nous nous couchons tôt.
Lundi 24 : je pars de bonne heure en ville pour essayer de trouver un roulement. Jeannot nous abandonne et à décider de partir seul. Il trouve que les Français sont vraiment trop " foutoir ". Il est quand même plus conscient qu'il n'y paraît…A l'aide des bus je vais à la Poste puis chez Citroën où il n'y a pas de roulement évidemment... Ensuite je trouve SKF et SNR où j’achète un roulement qui ressemble et que je vais essayer d'adapter. En rentrant, je prends un mauvais bus et me perds dans Nairobi. Je rentre à pieds en me payant une bière et un cornet de frites. À 14 heures je suis à city parc mais un peu crevé. Après un litre de thé, je commence à remonter la boîte de vitesse… à 17 heures tout est remonté… Peter Springlie et sa 2CV viennent d'arriver. Il m’emmène acheter de l'huile et nous commençons à chercher des pneus.
De retour une fois le plein d’huile fait, la boîte de vitesse marche nettement mieux mais siffle encore plus. En effet le fait d'avoir remis un roulement neuf, il n’y a plus de jeu axial et la boite ne claque plus. Mais les pignons sont maintenant revenus en place et comme ils se sont usés de travers, la boite est devenue encore plus sifflante. Normalement cela devrait tenir un moment. Il m'a fallu limer le circlips qui se trouve à l'extérieur du roulement pour qu'il veuille bien rentrer dans le chapeau de boite. Le roulement d’origine était un roulement à épaulement, j’espère que le circlips sera assez solide pour reprendre les efforts axiaux…
Les Suisses ce soir sont un peu dépités car ils n’arrivent pas à avoir de visas pour le Soudan... Je me couche de bonne heure car je suis vidé.
Mardi 25 : Nous allons en ville pour voir si notre argent est arrivé à la banque. Il n'est toujours pas là. Puis nous allons chez Citroën où je trouve un support moteur, des caches poussières de cardans. Nous déjeunons d'un épi de maïs bouilli. Peter a déjà cassé sa caisse de 2CV et la ressoude chez Citroën. Après nous cherchons des pneus et ne trouvons que des 145 x 15. Pendant ce temps Michelle discute à city parc.
Le campement de Jeannot à City park
Mercredi 26 février 1975 : nous décidons d’aller dans l'autre camping qui est beaucoup plus calme car les nuits de city parc sont très agitées. Nous pourrons faire la lessive, étendre de linge dans des conditions plus favorables. L'après midi pendant que Michelle fait la lessive, je monte mes pneus neufs. Dans ce camping nous avons réussi à mettre la tente dans un petit bois très sympathique. Mais un singe impressionnant avec deux énormes canines à la Dracula et très méchant nous épie sans cesse et nous surveille constamment pour nous voler nos vivres frais
Jeudi 27 : je m'aperçois que j'ai pris 5 jours de retard dans mon cahier de bord et cette fois je m’y mets. Je n’ai pas vu le temps passé à Nairobi. Les Suisses arrivent vers 17 heures au camping. Ils en ont assez aussi de city parc.
Vendredi 28 : nous partons en ville pour trouver un câble de grosse section pour faire des essais de soudure avec deux batteries en séries. Nous soudons un support d'amortisseur cassé. Ça marche mais ça demanderait un peu de perfectionnement. Enfin cela peut nous être utile dans des coins difficiles… ?
Nous nous couchons de bonne heure, car aujourd'hui c’est au tour de Michelle d’être mal fichue.
Vers le mont Kenya et Samburu
Samedi 1 mars : nous restons au camping à bricoler et à préparer notre futur départ. Entretien de la 3cv, affûtage des machettes, etc. Une visite un peu plus sévère de la voiture.
Dimanche 2 : nous allons à Nairobi, et partons après diverses courses vers la région du mont Kenya. Nous prenons encore de l'altitude et alors que nous arrivons sur les contreforts du mont Kenya, nous traversons des cultures de maïs, de blé, d'orge et de toutes les céréales de nos pays tempérés.
Le temps se couvre et nous ne voyons pas le mont Kenya qui est dans les nuages. Nous devons être tout près car nous avons beaucoup monté et sommes à près de 3.000 m. Nous apercevons pendant une minute un petit bout du mont Kenya à travers les nuages. Mais au loin devant nous, vers le nord s'étend la grande plaine où se trouvent les réserves de Samburu et de Marsabit.
Nous roulons maintenant vers Isiolo où nous achetons du pain et faisons le plein d’essence après le troisième contrôle de police depuis ce matin. Nous arrivons à la porte du parc de Samburu à 18 heures 30 et juste le temps d'aller au camping.
Comme nous sommes seuls, il nous faut nous dépêcher de ramasser du bois avant le coucher du soleil. Malgré la forte chaleur, il nous faut faire un grand feu car nous sommes entourés derrière par des éléphants et de l'autre côté de notre campement nous voyons passées des girafes dans le coucher de soleil. Comme il y a pas mal d'arbres et d’épineux autour de ce campement, la vue n’est pas très dégagée et pourquoi n'y aurait-il pas des lions ou diverses bêtes moins paisibles que ces très belles girafes en contre jour ?
Alors que la gamelle chauffe , les éléphants sont juste derrière!!!
Nous regardons le feu depuis la fenêtre de la voiture alors que nous sommes couchés mais quelle chaleur ! Avant minuit malgré le feu, une civette vient tourner autour de la voiture et fouiller dans notre poubelle.
Samburu
Le lundi 3 : après une nuit agitée à cause de la chaleur et des animaux qui tournent autour de la voiture, une fois le feu éteint, nous ne nous levons pas de bonne heure.
Nous commençons à tourner dans la réserve qui est vraiment très belle. Très peu d'herbe et beaucoup de très grands pins parasol, on voit très bien les animaux.
Nous sommes venus dans cette réserve uniquement pour les girafes réticulées, celles qui ont une peau marron uniforme cerclée d'anneaux blancs. Pour admirer également les antilopes girafes que nous n'avons pas encore vues et qui sont très élégantes également. Et nous venons aussi ajouter à notre palmarès le plus grand des zèbres qui a de toutes petites rayures bien parallèles et bien dessinées : c’est le zèbre de Grévy. Nous voyons rapidement ces trois espèces et les photographions sous toutes les coutures.
À 12 heures 30, nous sommes au lodge au bord de la rivière. Le prix de la journée est de 300 schillings tout compris… Les lodges du Kenya sont quand même plus classes que celles de Tanzanie (à l'époque). Nous prenons un pot et demandons un autre camping.. Quelle vue sur la rivière éclairée la nuit !
Après notre petit pot, car nous n'avons toujours pas notre argent de France et un coup d’œil sur le magnifique buffet... Nous allons voir l'autre camping. Nous nous faisons sortir proprement par un anglais des plus « sympa »... Un espèce de néo-colonialiste qui avec plusieurs tentes et serveurs en livrée bleue, doit sans doute gérer l’accueil de quelque gros "richard" venu dans les réserves à qui on veut faire croire qu’il est seul au bout du monde...
Nous retournons au lodge pour y pique-niquer. Car l'autre camping est très loin. Nous nous arrêtons en chemin pour photographier des pintades vulturines avec une crête en os sur la tête et que nous n'avons également jamais vues.
Pintade et écureuil de terre
Nous retournons au camping par une autre piste et nous devons faire un grand détour. Soudain la route est barrée… Alors que je fais un demi-tour dans les épineux, nous crevons encore une fois et je perds une joue d’aile qui était attachée sous le châssis par un caoutchouc qui a dû être arraché pendant la manœuvre et nous n’arrivons qu’à 18 heures 15 au campement...
Juste le temps de ramasser du bois avant le coucher du soleil … Mais où sont les touristes comme nous, il n’y en a vraiment pas beaucoup...
Aujourd’hui nous avons aidé un papy et une mamy avec une vieille jeep qui n’avait pas l’air en pas très bon état ? Ils ont l’air d’avoir des ennuis de moteur et de freins et nous les avons trouvés un peu paniqués et fatigués.
Aujourd'hui le mont Kenya esr dégagé !
Giraffe réticulée à 3 cornes
Oryx
Bébé ne sait pas encore boire avec sa trompe
Antilope giraffe
Voici comment nous dormions
Nous sommes aussi venu pour admirer un zèbre que nous n'avons pas encore vu : le zèbre de grévy (avec ses petites rayures et sa grande taille)
Oryx
Antilope giraffe
Marabouts et cobes à croissant
Migrations de gnous et zèbres
Le mont Kenya
Vers le lac Rudolf
Mardi 4 mars 1975 : après une nuit agitée, car Michelle m’a réveillé plusieurs fois à cause des animaux qui rôdaient autour de la voiture, nous partons pour la sortie de la réserve et nous nous arrêtons au « Buffalo springs » où nous discutons avec un jeune allemand qui parle un petit peu le français, nous discutons des 2cv. Puis nous sortons sans payer la deuxième nuit de camping. Nous n'avons vu personne, il n’y a ni sanitaires, ni eau vraiment rien du tout. À Archer’s post, nous nous arrêtons pour acheter des cigarettes et demander la route du lac Rudolf. Cet endroit est paraît-il très aride et le plus chaud du globe : plus de 50°C à l'ombre ? Et nous avons envie de voir cela, en plus il est très beau.
Je dépanne un indien qui a crevé, en lui vendant une rustine Tip Top. Après quelques kilomètres, nous doublons la voiture des papy et mamie suisse rencontrés hier. Elle est en contrebas de piste et a fait plusieurs tonneaux. Comme il n'y avait pas d’arceau de sécurité, Ils sont très gravement blessés et dans un triste état. Nous sommes complètement retournés…La piste étant très dure, peut-être ont-ils éclaté un pneu et perdu le contrôle du véhicule sur cette tôle ondulée démentielle. J'ai moi-même beaucoup de mal à tenir la voiture en ligne droite. En plus il y a de gros cailloux.
Les 125 km entre Leisamis et Archer’s post sont très bien tracés mais vraiment quelle tôle ! ! ! On voit qu'il pleut peu dans cette région. Il fait très chaud et le paysage est archi-sec : uniquement des épineux. La lumière est très violente.
À la sortie d’un village, nous trouvons la piste de la carte pour le sud du lac Rudolf. Après quelques kilomètres de sable, nous nous arrêtons et déjeunons. Après 10 km nous nous arrêtons pour contempler et choisir une route dans un passage très sableux de plusieurs centaines de mètres que des hommes sont en train d'aménager. Ils nous disent que personne ne passe par ici. Elle est barrée par des épineux un peu plus loin. Nous renonçons donc à aller au sud du lac Rudolf. Il y a paraît-il une autre route, mais nous ne l'avons pas vue.
Nous croisons des troupeaux de dromadaires (à une bosse), ils sont conduits par des femmes Samburu très très belles. Elles ont les seins nus avec de très beaux colliers au cou, aux bras et aux chevilles. Elles conduisent également des troupeaux de bœufs qui sont les plus beaux que nous aillions vus depuis la Rhodésie.
Nous trouvons finalement la route du lac Rudolf sans pancarte évidemment. Elle partait à 20 kilomètres d’Archer’s post. Nous avons fait plus de 200 km pour rien. Il me faut à nouveau refaire le plein d’essence avant de repartir pour le lac Rudolf. Nous dormons à la mission d’Archer’s post et nous verrons demain car pour l'instant il n'y a pas d'essence. Je répare les deux-roues de secours crevés aujourd'hui.
À la sortie d'un virage , je suis tombé nez à nez avec un énorme caillou sur la piste. A cause de la tôle ondulée et de vitesse, je n'ai pas voulu changer de direction brutalement. J'ai freiné et au moment d’arriver sur le rocher, j'ai accéléré pour essayer de soulager l'avant de la voiture. Le moteur n'a heureusement pas touché, mais le caillou a ouvert le châssis sur près de 40 cm. Cette entaille est aujourd’hui, toujours visible et m’impressionne à chaque fois que je la vois.
Après nous faisons nos cahiers et discutons avec un jeune garçon d’une quinzaine d’années très sympa.
encore 2 crevaisons
Au pied du mont Kenya
Mercredi 5 mars 1975 : nous avons passé une nuit un peu mouvementée. D'abord il a fallu installer la moustiquaire car il était impossible de dormir, et ensuite nous entendions gémir dans la chambre à côté. Et nous apprenons ce matin que c'était le vieux Suisse qui délirait dans ses souffrances. Nous apprenons aussi que sa femme est décédée suite à ses blessures. Alors que nous nous apprêtons à partir nous le voyons prendre une ambulance. Il est vraiment très choqué. Cela ne nous met pas en forme. Et nous abandonnons l’idée du lac Rudolf.
Et nous redescendons vers Isiolo. Nous y achetons une coquille d’œuf d’autruche, et un collier Samburu. Et nous remontons tranquillement sur les pentes du mont Kenya. La montée est dure et longue jusqu'à 3.000 m. Aujourd'hui nous avons de la chance, le mont Kenya est pratiquement découvert. A Nanyuki, nous achetons du pain et filons à la ferme de Madame Kenyali, une vieille anglaise qui accepte les voyageurs de notre acabit. Comme elle est bien indiquée, nous trouvons facilement. Il pleut. Nous tombons sur un américain et un canadien vraiment très sympathiques, nous passons l'après-midi ensemble Le soir, nous écoutons de la musique .
Nous passons après une très bonne nuit bien que très fraîche malgré duvets et couvertures. Nous avons du mal à croire que nous sommes sous l'équateur.
Nous avons un coucher de soleil superbe
Jeudi 6 mars 1975 : nous nous réveillons seulement à 10 heures et demie... Après le petit déjeuner et une douche glacée, nous allons faire quelques courses au village. Nous passons l'après-midi à poser : sieste et cahiers de bord. Je joue aux échecs avec un américain, et discute un peu avec Madame Kenyali. J’ai l’impression que ce nom de Kenyali, elle se l’est donnée ?
Vendredi 7 : nous sommes réveillés de bonne heure par la vieille anglaise, pour monter à cheval. Nous ne sommes pas trop décidés. Mais comment lui refuser puisque c'est son seul gagne pain, son mari est décédé. Puis nous nous décidons avec le Canadien et l’Américain qui ne sont jamais montés non plus à cheval. Finalement, nous avons beaucoup de plaisir à faire une grande randonnée au pied du mont Kenya qui aujourd'hui est complètement dégagé. Nous avons de la chance, les chevaux se laissent bien guider. Le trot n'est vraiment pas confortable car nous ne savons pas monter… mais le galop du retour est très grisant.
L'après-midi, nous avons un peu mal aux fesses et au dos. Nous saluons le Canadien et l’Américain qui ont trouvé une guide pour faire l'ascension du mont Kenya.
Samedi 8 : nous nous levons tard …Je discute longtemps avec l’homme de main de madame Kenyali, qui n’est autre qu’un jeune français qui a passé 4 années au Burundi et qui ne veut plus rentrer en France. Il est ici depuis plusieurs mois…Il vient des Indes et de Katmandou.
L'après-midi, nous allons jusqu'à l'entrée de la réserve pour voir le mont Kenya de plus près. Comme nous arrivons, il se dégage sur un ciel sombre et menaçant. Clic clac et nous revenons. Le champ de madame Kenyali se rempli un peu trop à notre goût, et devient comme city parc, alors demain nous levons l’ancre.
Le mont Kenya
et à nouveau un coucher de soleil !
Dimanche 9 mars 1975 : nous rentrons tranquillement à Nairobi. La circulation est plus dense et nous croisons quelques chauffards du dimanche. Nous n'allons pas à city parc mais préférons Kawallan camp, l’autre camping qui sera plus tranquille .
Lundi 10 : nous allons à la banque pour voir si notre argent est arrivé. Toujours rien. Nous allons aux nouvelles à city parc. Les Suisses à la 2CV sont là.
Les trois combis suisses sont là aussi. Ils arrivent du Rwanda et du sud de l'Ouganda.
Nous décidons donc de revenir à city parc. La 2CV des suisses n'a pu aller jusqu'au lac Rudolf, ils ont tordu les deux « jambonneaux AV » dans la piste mauvaise où nous avons nous-mêmes rebroussé chemin..
Le soir je monte mes deux pneus neufs.
Mardi 11 : nous retournons à l'ambassade du Soudan et perdons la matinée. Nous devons revenir demain. L'après-midi, je fais la même opération sur les amortisseurs arrières que celle faite au bord du lac Malawi, c’est à dire démontage et remplissage à l’huile moteur.
Mercredi 12 : à nouveau nous retournons à l'ambassade. Nous devons revenir à 14 heures. Entre-temps nous courons entre deux banques pour récupérer notre argent car il est enfin arrivé. L’après-midi, re ambassade du Soudan où nous voyons le " boss". Mais nous devons revenir encore demain à 10 heures. Nous rentrons à city parc.
J'installe mes deux jerrycans de 5 l entre les ailes et les portes avant. Le soir, je modifie les sièges pour améliorer notre couchage.
Jeudi 13 : à nouveau, ambassade du Soudan de 10 heures à midi. Il faut encore revenir demain je commence en avoir assez. Je suis fou toute la journée. Nous rentrons à city parc. Je vidange la boîte et règle les freins,.
Nous décidons d'aller au cinéma. Nous partons en bus, et nous rentrons avec un taxi improvisé avec divers autres de city parc...
Caméléon
Vendredi 14 : Re ambassade. Seule Michelle rentre dans l'ambassade, moi j’y renonce. Pendant que Michelle est à l'ambassade du Soudan, je vais à l'ambassade de France pour chercher les papiers à remplir pour obtenir un visa pour entrer au Cameroun. J
Achat deux autres pneus neufs.
Quand je récupère Michelle, elle a enfin les visas pour le Soudan.
Nous devons préparer notre départ pour le soudan le plus vite possible car les dates sont fixes et nous devons traverser tout l’Ouganda avant.
L'après midi, nous allons acheter pour 300 shillings de nourriture et surtout de boîtes de conserves. Le reste de l'après-midi se passe à ranger le mieux possible dans les divers endroits libres de la voiture.
Samedi 15 : ce matin il n'y a pas trop de bruit dans city parc et nous arrivons à dormir un peu plus tard. Je monte mes deux pneus achetés hier, et prépare la voiture pour cette traversée d’est en ouest : graissage, rangement, nettoyage etc. La journée passe vite.
Dimanche16 : je passe une partie de la journée à vendre divers objets pour essayer d'alléger la voiture au maximum : les pneus usés, les assiettes, les verres et tout ce qui ne sert pas un des sièges de camping est vendu aussi car nous allons devoir prendre 130 litres d’essence en plus des 30 litres du réservoir avant de quitter l’Ouganda. Nous devons traverser les 1000km du Soudan et les 600 premiers km de Centrafrique, soit 1600 km. Nous prévoyons 10 litres au cent, car au début nous serons tellement chargés qu’il sera impossible de rouler à plus de 30 ou 40 km/h, car nous ne pourrons pas lancer les voitures sur la tôle ondulée au risque de tout casser ou d’en perdre le contrôle. De plus les 300 premiers km de Centrafrique sont paraît-il complètement défoncés et presque impraticables. Il ne faut pas espérer rouler à plus de 20 km/h…Nous venons d’avoir ces informations par les premiers voyageurs à avoir emprunter cette route depuis la fermeture du Zaïre. C’est une chance…Je dis « nous », car nous avons eu notre visa pour notre 2cv et celle de Peter Sprungli et devrons donc faire route ensembles. C’est la première fois que nous allons faire route à deux voitures j’espère que ça va marcher ?
J’aide aussi un Suisse à remonter son moteur de tube Citroën, qui a des bielles montées à l'envers depuis le Dahomey.
Lundi 17 : nous portons nos passeports à l'ambassade de France pour obtenir les visas du Cameroun, qui sont moins cher ici qu'en république centrafricaine et qui s’obtienne en une journée ? … J’espère.?
Puis nous faisons nos dernières courses pour le grand départ de cette traversée d’est en ouest. L'après-midi, et nous allons visiter le musée qui possède surtout une très belle collection d'objets masaï. À l'occasion nous pouvons constater, que nous avons manqué une très belle poupée de fécondité au nord de Nairobi.
Nous faisons quelques photos de la ville encore et nous rentrons à city parc.
J’évite de justesse un accident. J'achète un jerrican de vingt litres d’huile vide et 4 petits jerricans de 5 l d'huile que je récupère dans une station-service cela va me permettre de mettre pas mal d'essence, et je mettrais également de l’essence dans 2 jerricans d’eau qui ne tiendront pas jusqu’au désert car déjà trop cuits par le soleil et que je jetterais dés qu’ils seront vides. Il va y avoir du monde sur la galerie et dans la voiture… Nous allons être de véritables petites bombes…
Mardi 18 : après nos adieux à Jeannot, nous filons à l'ambassade de France et récupérons nos passeports. Les pleins faits, nous partons avec Peter et Cori. Je roule devant, car Peter me semble vouloir rouler beaucoup plus vite que moi. De temps en temps nous nous arrêtons pour faire des photos du paysage et nous prenons un petit peu notre temps. Nous avons le vent dans le nez et le poids des voitures se fait sentir. Peter a déjà le ventre à terre. Je me demande comment cela sera lorsqu'il aura encore 80 l d'essence de plus. A midi Peter crève une première fois. Nous en profitons pour grignoter.
Après Nakuru, nous faisons des photos des deux 2CV devant la pancarte qui indique le passage de l'équateur. En toile de fond, de grandes plantations de résineux, une culture qui n'a rien d’équatoriale... Il faut dire que nous sommes toujours sur des plateaux entre 1.000 et 2.000 m.
Alors que le paysage verdi et que nous passons à côté du mont Elgon, nous nous arrêtons à 40 km de la frontière, mais aussitôt nous sommes entourés par des enfants bien sympathiques. Mais Peter et Cori n’aiment pas trop et nous décidons d'aller plus loin. Nous voyons qu’ils arrivent d’Afrique du Sud et n’apprécient pas trop le contact avec les Noirs…Nous espérons qu’il ne va pas se créer de tension à cause de leur comportement ? Nous nous arrêtons 10 km plus loin et soupons vite fait, car la pluie menace. À peine sommes-nous coucher, que ça " dégringole " dru.
Malgré le bon confort apporté par les modifications du siège, je dors mal car je ne suis pas trop rassuré pour tout ce qui est sur galerie. En effet il y a pas mal de passage autour de la voiture.
Nairobi
![12 : L'Ouganda et le Soudan - Le blog de henri2](https://image.over-blog.com/0wWxWwy70ykvZdVsJlVXvCUL8Qg=/170x170/smart/filters:no_upscale()/idata%2F3071002%2Fafrique%2Fouganda%2F2cv-vic.jpg)
12 : L'Ouganda et le Soudan - Le blog de henri2
Ouganda : Kampala Mercredi 19 mars 1975 : au moment de partir, je m'aperçois qu'une roue est crevée. Nous sommes rapidement à la frontière. À la douane kenyane, un douanier commence à discute...
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