L : L'Ouganda et le Soudan

Publié par Bruno Henri

Jeudi 20 : alors que nous nous levons à 7 heures 30, Peter est déjà prêt pour s'en aller  chez Citroën  réparer sa voiture. Nous partons tranquillement vers Antebe pour voir cette ville construite au bord du plus grand lac d’Afrique et visiter son " botanical garden". C'est en effet  une très mignonne petite ville très anglaise avec de très jolis petits cottages aux bords du lac. L’immense golfe est encore entretenu. Le botanical garden est lui aussi encore entretenu mais sans beaucoup de fleurs. Nous ne voyons pratiquement pas d’Anglais. Mais c'est quand même très beau.

Nous rentrons tranquillement à Kampala, et achetons des cartes postales de fabrication chinoise. Nous passons l'après-midi à écrire aux copains pendant que Peter consolide ses bras de suspension avant. Dans la soirée, nous allons faire le plein essence et voir Peter chez Citroën. C'est un immense garage, mais quel chantier ! Des dizaines de DS sont alignées les unes à côté des autres toutes en réparation il manque visiblement les pièces pour réparer. Je donne un coup de main à Peter. Mais il n'y a pas de chalumeau pour couper le vieux bras de suspension en deux pour qu'il puisse faire la même consolidation que la mienne. Nous nous débrouillons avec des scies à métaux. Puis nous rentrons au camping.

L’Ouganda est peuplé de 13 millions d’habitants pour 236 036 km². Sans aucun doute le pays préféré des Anglais. Chaud et humide ils y développèrent de grandes plantations de coton et de café. Mais suite à la dictature d’Idi Amin Dada de 1971 à 1979 et les guerres ethniques qui s’ensuivirent et qui dévastèrent le pays, les Anglais l’ont complètement abandonné.

La Xième source du Nil , chaque pays veut la sienne....

La Xième source du Nil , chaque pays veut la sienne....

Lac Victoria

Lac Victoria

L : L'Ouganda et le Soudan
L : L'Ouganda et le Soudan

Vendredi 21 : déjà huit mois que nous sommes partis. Après quelques petites difficultés pour trouver la bonne route, nous quittons Kampala pour le nord. Le bitume est en bon état et la route très droite.

Vers onze heures et demie, nous prenons la piste de Masindi. Elle est bien entretenue. Nous traversons toujours des plantations de bananiers alternés avec un bush assez clairsemé et très vert. Le long des routes, les femmes sont toujours habillées à l'époque Victorienne. À midi, nous nous arrêtons sous un arbre et pique-niquons.

Nous sommes à l’entrée  de la réserve de Murshinson falls en début d'après-midi. C'est très curieux dès que nous avons franchi la porte d'entrée, le bush s’arrête et nous nous trouvons dans une savane très dénudée mais quand même très verte. Nous ne voyons pas beaucoup d'animaux. Nous allons voir les chutes, marchons et prenons un peu d'exercice. Nous reconnaissons ces chutes que nous n’avons jamais vues, car elles sont dans tous les films américains tournés en Afrique surtout ceux de la belle époque de Clark Gable. Puis nous revenons vers les  lodges.

Nous traversons le Nil  à 17 heures 30, puis nous allons monter notre tente dans un camping complètement abandonné. Depuis la terrasse où se situe le camping nous pouvons voir environ, en dessous de nous, une soixantaine d’hippopotames ce qui est vraiment impressionnant. Nous apercevons des noirs qui pèchent au bord du Nil et nous décidons de redescendre pour aller voir les hippos de plus près.

Avant de remonter au campement à la tombée de la nuit, nous allons boire un pot au lodge qui n'est pas très loin du camping. Nous goûtons le gin du pays qui est la boisson nationale. Puis nous retournons à notre camping abandonné. On vient nous dire, que nous ne pouvons rester car ce camping a été fermé. Après maintes discussions, nous allons dans un autre camping où nous devons payer.

Comme nous sommes un peu fatigués, nous allons au restaurant du lodge. Nous prenons un bon repas. Quelques vieux broussards sont avec nous et visiblement doivent revenir d'une chasse. Après le repas, des femmes ougandaises viennent danser au son d'une musique presque exclusivement de popo. Le popo est un instrument très simple fait d'un petit caisson de quelques 10 à 15 cm de côté sur lequel sont fixés de petites lames d’acier. Le son est très doux et très agréable. On le trouve dans tous les pays du continent africain. Puis nous rentrons vers 22 heures fatigués mais heureux de cette bonne journée.

De grandes lignes droites de pistes nous emmènent  vers le nord de l'Ouganda

De grandes lignes droites de pistes nous emmènent vers le nord de l'Ouganda

Nous attendons le bac pour entrer dans le parc de Murchisson falls

Nous attendons le bac pour entrer dans le parc de Murchisson falls

 

 Samedi 22 : nous sommes debout avant le lever du soleil, pour aller voir les hippopotames hors de l’eau. En effet ils broutent pendant la nuit et rentrent dans le Nil au lever du soleil. Juste avant d'arriver au bord du Nil un hippopotame  nous coupe la route et il s'en faut de peu que nous ne le répercutions. Nous pouvons les observer rentrer dans l’eau les uns après les autres, alors que le soleil apparaît et monte à l’horizon.

Puis nous remontons prendre notre petit déjeuner et retournons à l'hôtel acheter des tickets pour le bateau et aller voir les crocodiles de plus près. Nous ne partons qu’à 3 car Cori est très malade. Elle a attrapé une bonne dysenterie.

Nous sommes étonnés de la classe du bateau dans lequel, il y a au moins 50 places assises. Nous sommes seuls. Pas un seul touristique. Les crocodiles font 7 mètres de long et à l'approche du bateau entrent tranquillement dans le Nil. Nous prenons des photos avec des crocodiles en premier plan alors que derrière des éléphants broutent paisiblement à quelques mètres de là.

Nous remontons jusqu'au chutes vues hier, mais non sans émotions. Car le pilote du bateau ne connaît visiblement pas les fonds et se payent cailloux, rochers et bancs de sable à quelques mètres de puissants crocodiles. Nous sommes en admiration mais aussi complètement épouvantés par les risques pris par le pilote. Nous ne donnons pas chère de notre peau s’il fallait prendre le petit bateau de sauvetage…

 À midi nous remontons au camping et nous installons sous le restant des paillotes abandonnées pour essayer de nous protéger des fortes chaleurs.

Vers 5 heures, Peter décide de prendre une chambre à l'hôtel pour Cori. En effet elle se  déshydrate et s’affaiblit. Nous allons tous installer Cori à l’hôtel dans une superbe chambre  climatisée qui n’a pas du servir depuis longtemps, mais qui est vraiment nickel. Peter fait venir le docteur  qui lui donne des médicaments à dose de cheval.

Nous profitons de la fraîcheur de la climatisation, et prenons une bonne douche chaude. Cela ne nous est pas arrivé depuis les chutes de Victoria. Puis nous rentrons seuls camping et contemplons à nouveau le Nil et ses « hippos » puis rédigeons nos cahiers de bord.

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Dimanche 23 : nous nous levons tranquillement, et allons prendre des nouvelles de Cori. Cela a l’air d’aller mieux. Ils décident de rester encore une journée et nous allons faire un tour à nouveau pour essayer de voir les rhinocéros blancs. Un allemand nous dit en avoir vu dans cette réserve. Il nous dit aussi qu'il vivait ici depuis plus de 10 ans et qu'il y avait dans ces lodges : 300 personnes par jour. Et qu'elles sont actuellement complètement vides. Il va quitter l'Ouganda pour aller au sud-ouest africain.

Nous ne voyons pas de rhinocéros, mais un autre très bel hôtel avec piscine juste à l’endroit où le Nil blanc ou Victoria Nile se jette dans le lac Albert et repart de suite dans le Albert Nile. Cet endroit est vraiment fabuleux : Le décor, le luxe des lodges et pas un touriste ni personnel, c’est complètement surréaliste….

À deux heures, nous sommes au camping, nous pique-niquons de nos dernières tomates. Ce sont sans doute les dernières avant bien longtemps. Puis nous retournons à l'abri des paillotes pour une sieste équatoriale. Nous faisons l’amour depuis notre point de vue sur le Nil et ses centaines d’hippopotames vautrés au soleil sur les bancs de sables.

Vers 18 heures nous retournons prendre des nouvelles de Cori et prendre une douche. Nous retournons encore voir les hippopotames à la nuit.

 

 

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Un bousier poussant sa crotte

Un bousier poussant sa crotte

 Lundi 24 : nous nous levons tranquillement pour laisser à Cori le temps de se reposer encore un peu. À 10 heures 30 nous prenons quand même la route vers Gulu. Nous roulons vite, un peu trop à mon goût.

Nous avons un contrôle de police assez sévère. A Gulu, nous faisons le plein d’essence : 140 l chacun cela fait une sacrée surcharge, il y en a partout, même sous les sièges des passagers. Nous faisons des photos car les 2CV sont ventre à terre.

Curieusement nous trouvons des tomates. Comme Peter a trop de shillings,il nous invite au restaurant. Puis nous prenons la route vers la frontière, nous roulons à 40 km/h maximum. Nous arrêtons fréquemment pour vérifier les jerricans et décompresser ceux en plastique qui ont une fâcheuse tendance à gonfler. Nous solutionnons le problème en faisant un petit trou d’aiguille sur le haut du jerrican.

La piste n'est pas trop mauvaise heureusement. Nous arrivons à Atiak  où se trouve le poste frontière. La frontière dans le sens Soudan Ouganda vient de se fermer et il n'y a plus de Soudanais du coté Ouganda. J’espère que nous arriverons à passer demain matin au Soudan ? Ça commence à discuter dur, il nous manque soi-disant un papier. Heureusement qu’un jeune ougandais sympa et plutôt marrant décide de nous donner nos tampons. Ils nous invitent même à dormir auprès de leur poste de police. Puisqu'ils nous le proposent et qu'il est déjà 18 heures 30, nous décidons de rester là. La température est très agréable, il n’y a pas de moustiques alors tout est OK.

 

 

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Mardi 25 : nous commençons les formalités à 8 heures 30 et cela dure jusqu'à 9 heures 30. A la frontière ougandaise, nous ne savons pas pourquoi, nos passeports n'ont pas été tamponnés seul le carnet de passage en douane l’a été … ?  Heureusement. Nous espérons que nous n'aurons pas d'ennui au Soudan.

Puis nous reprenons tranquillement la piste vers Nimule. Avant d'arriver à Nimule, nous sommes arrêtés par l'armée qui nous fait tout sortir de la voiture. Nous repartons alors que Michelle donne aux militaires une de nos tablettes pour l'estomac.

A notre arrivée à la frontière soudanaise, nous n'avons aucun problème. Ils sortent les grands livres où nous devons inscrire comme toujours : nom,  prénom, adresse, nationalité, nom du père, nom de la mère,  etc.

 Nous quittons la douane à midi seulement. Mais rien  n’a été pointé à la frontière de Nimule, nous devrons tout faire pointer à Juba.

Après le poste de frontière nous montons à nouveau sur un plateau. Et en nous retournant nous avons une splendide vue sur le Nil et sur l’horizon : le lac Albert. Ensuite une fois sur le plateau la piste est relativement bonne à part quelques grosses pierres qui nous obligent à ralentir encore l’allure. Puis la tôle ondulée fait à nouveau son apparition.

Le climat a changé, l'air est très sec et la végétation très aride. Seuls les arbres sont un peu vert. Il faut dire qu’en Afrique on passe d’une région en période de saison des pluies à une région en période de saisons sèches auxquelles viennent s’ajouter les changements d’altitude, car l’Afrique est constitué de grands plateaux souvent à plus de 1000m. A part l’Afrique du sud et le nord du Magreb, il n’y a pas de saisons sauf pluies et sécheresses qui s’alternent suivant des périodes plus ou moins longues et plus ou moins régulières.

Nous traversons des villages qui sont propres et nets. En milieu d'après-midi, il fait très chaud et ne nous arrêtons encore pour faire du thé.

Nous avons un contrôle de mouches Tzé Tzé par un service sanitaire c'est la première fois que cela nous arrivent, le contrôleur est habillé tout en rose, très sérieux et très fier avec son filet à papillons. Il essaye d'attraper tout ce qui voltige dans la voiture : nous avons plus envie de rire que de prendre tout cela au sérieux.

Ensuite, nous avons un contrôle de police. Ils sont très aimables. Nous devons soigner un des policiers qui s’est blessé avec une boîte de conserves qu’il a ramassée.

À 6 heures nous stoppons en pleine brousse car nous n'avons pas envie d'aller à Juba ce soir. Nous sommes fatigués par la chaleur et la sécheresse.

Alors que la nuit tombe déjà, et  que nous préparons le dîner, Nous voyons un oiseau très bizarre que nous n'avons jamais vu. Il fait sombre et le temps que je sorte l’appareil il est parti… Je m’empresse de le dessiner sur mon le cahier de bord. Il me faudra feuilleter des dizaines de livres d’oiseaux  à notre retour en France pour trouver le nom et cette sorte d’oiseau. C’était un engoulevent à balancier. Effectivement dans les livres parcourus cet oiseau ne vit que dans cette région d'Afrique. Pour vous le décrire : sa taille et sa forme sont celles d’un engoulevent classique, mais sur le bord d'attaque de ses ailes, il y a un grand fil d'une trentaine de  cm qui part vers le haut et au bout de ces deux fils se trouve une espèce d'aile de papillons et le vol en devient très curieux.

Nous passons une nuit très courte car il fait très chaud. Nous sommes réveillés pendant la nuit par une forte odeur d'essence. Un jerrican n'a malheureusement pas résister à la chaleur et vient de se fendre…Le réservoir s’est suffisamment vidé pour pouvoir heureusement le transvaser. 

 

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 Mercredi 26 : à 6 heures 30 alors que tout le monde dort encore, je fais du feu. Nous quittons à 9h30 et nous nous dirigeons vers Juba. En y arrivant, nous devons enjamber le Nil et nous trouvons un pont flambant neuf mais il est à péage. Comme nous n'avons pas d'argent, Peter et Michelle restent à nous attendre. Avec Cori, nous allons à Juba.

A peine stationnés devant la banque, nous sommes entourés et  il est presque impossible de sortir de la voiture. En voyant cet attroupement, un militaire arrive et commence à jouer de la « chicotte ». Quand il voit les 2 jerricans  de 5 litres situés à l'avant, il les ouvre. Comme c'est de l’huile il est plus tranquille. Quelques sévères coups de matraques, et  la voiture se dégage. Nous décidons quand même d’aller changer chacun notre tour.

Nous  passons près d'une heure pour effectuer le change et nous revenons vers Peter et Michelle. Après avoir payé le prix du passage, nous devons ressortir tous les papiers : passeports, carnets passage etc. Nous perdons encore un bon quart d'heure.

Dès notre entrée dans Juba, nous allons à la douane. Nous passons une heure à discuter et là le chef des douaniers nous prend les seuls papiers que l'on nous a donné au poste frontière. Nous avons omis de prendre un des doubles par de vers nous. Il nous faut à nouveau remplir de nouvelles déclarations. Puis il nous envoie à la police et nous dit de revenir. Apparemment, il ne s'est visiblement pas ce qu'il doit faire. Il a l'air de ne pas connaître le carnet de passage en douane.

Arrivés à la police, nous attendons que le chef ait finit de passer en revue un bon nombre de passeports anglais. Comme nous ne nous énervons pas, il tamponne les nôtres sans aucun problème. Nous étions assis dans de superbes fauteuils très confortables et complètement anachroniques. Mais nous perdons encore une bonne demi-heure.

Nous retournons à la douane où rien n’a été fait. Il me demande même ce que nous voulons. Nous remplissons encore d'autres formulaires.

Je sens que la moutarde me monte au nez et Peter perd son calme encore plus que moi. Peter commence même à hausser le ton. Je l’entraîne à l'extérieur et nous laissons Michelle et Cori se débrouiller avec les douaniers. Il leur faudra encore plus d'une demi-heure de moult palabres pour réussir à obtenir les tampons entrée et sortie des carnets de passage en douane. Il accepte une caution bancaire qui servira pour les deux. Finalement tout s’est décanté doucement après notre sortie, et ils ont même donné des lettres de recommandation très aimables pour les passages des postes de police ultérieurs. Je crois que tous ces douaniers avaient envie d’être seuls avec deux jolies « nanas blanches »…

Nous ne traînons pas dans Juba, car Peter avec ses deux jerricans transparents plein d’essence sur le coffre de sa voiture attire beaucoup les gens.  Les miens aussi, bien que peint en blanc et plus discrets sur la galerie, sont vite repairés. Cela est normal, car les files d'attente aux postes d'essence sont de plusieurs centaines de mètres et tout le monde veut nous acheter notre essence à des prix exorbitants.

Dès que nous retrouvons la brousse nous avons le droit de la part des africains à de grands sourires et de grands bonjours. Ils sont vraiment très sympathiques et on voit qu'il n'y a pas ici de touristes pour gaspiller la gentillesse des africains. Mais combien cela va t’il durer. C'est le jour et la nuit avec le Kenya et la Tanzanie.  

Aujourd’hui, 25 ans après ce pays est toujours en guerre dans la plus grande ignorance et ces  Soudanais du sud doivent être dans la même misère ?…

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 Jeudi 27 : à 8 heures, nous sommes à la poste. Mais elle n'ouvre qu'à 8 heures 30. Nous décidons de retourner au bord du Nil pour prendre des photos. Sur la piste, nous essayons de photographier une très belle case en construction, mais les artisans refusent. Nous revenons à la Poste et faisons la queue pour acheter des timbres.

Puis nous partons tout doucement car la piste est très mauvaise et la tôle ondulée est très forte. Nous ne ferons aujourd'hui que 187 km pour 8 heures de conduite. Le paysage est toujours identique c'est-à-dire une savane légèrement arborée et assez sèche. Sur le bord des pistes, les soudanais sont toujours aussi souriants et accueillants. Nous prenons beaucoup de photos. A Lalyo, nous devons stopper pour la police. Nous ne perdons pas de temps car nous devons juste remplir le « grand livre ». Entre Lalyo  et Yei, la piste est moins mauvaise et nous pouvons rouler à certains endroits à presque 40, car nous n’avons pas encore beaucoup consommé de carburant.

À Yei, nous perdons une demi-heure à remplir tous les papiers de la police. Michelle et Cori ne sont pas admises à l'intérieur du poste. Pourquoi, nous n'en savons rien… ?  

Dans cette région, la savane a été brûlée et nous pouvons voir de très belles fleurs repousser au milieu des cendres.

Nous dormons à quelques  dix kilomètres de Yei.  C'est à nouveau la pleine lune ce soir, les mois passent vite...

 

 Vendredi 28 : nous prenons la piste et sommes contents de rouler un petit peu plus vite par endroits, jusqu’à 40 km/h. Cela commence à être moins fatigant, les voitures sont moins lourdes de l’arrière, malgré quelques petits passages délicats, la tôle ondulée est aussi moins importante. Quelques bons bourbiers et quelques bonnes côtes quand même sont là pour ne pas nous laisser nous assoupir par la chaleur et la lenteur de notre progression.

Nous nous arrêtons souvent pour essayer d'acheter des arcs et des flèches. Mais ils ne veulent pas les vendre car ils y tiennent. Visiblement ils s'en servent et chassent avec.

À midi, nous prenons un pique-nique alors que nous sommes envahis par les mouts mouts. Ce sont de minuscules petites mouches qui viennent se coller sur la peau et vous assaillent tous les orifices du visage. Peter et Cori n'apprécient guère...

Puis nous continuons sur cette petite piste qui est plutôt un chemin et seulement de la largeur d'une voiture. Nous nous demandons si les policiers qui nous ont indiqué cette piste, ne nous ont pas joué un mauvais tour. Mais pour les deux chevaux toujours surchargées, nous sommes beaucoup plus tranquilles et la tôle ondulée a complètement disparu.

Nous nous arrêtons à cause d'un immense troupeau de vaches aux cornes gigantesques.

 Tout ce bétail est conduit par des nomades Dinkas. Ils sont très beaux et très grands, tous plus de 2 mètres. Ils ont des nombrils très scarifiés vraiment très impressionnants et qui nous arrivent presque à hauteur des yeux. Leur sourire est communicatif et leur pose sur une seule jambe est très agréable et très « cool ».

Nous faisons beaucoup de photos. Peter à force de discussions, arrive à échanger un arc contre un tee-shirt et 1 jerrican, moi je réussis à négocier des fines et très belles flèches dont certaines sont faites pour aller à la pêche. Les Africains nous disent : « photos photos »...Ce qui est plutôt rare en Afrique

Alors que nous traversons un village tout doucement, nous entendons jouer des instruments de musique. Nous les enregistrons et prenons à nouveau de nombreuses photos.

Par notre raccourci, nous arrivons directement à Maridi et gagnons 30 km. Nous allons à la police pour la deuxième fois de la journée. Mais tout se passe rapidement. Puis nous prenons de l'eau au village où les jeunes filles nous remplissent nos jerricans. Elles sont très souriantes et très coquines...

Puis nous quittons le village et allons dormir à une dizaine de kilomètres dans la brousse. Je donne un jerrican en plastique au propriétaire du champ où nous passons la nuit. Il nous demande à quelle heure nous comptons quitter demain matin. Il viendra nous dire bonjour et nous souhaiter bon voyage avant d'aller travailler dans son champ.

Les hommes ici travaillent dur dans les champs et nous les voyons porter le long des pistes. Ce qui est très rare en Afrique. Parfois ils sont effrayés et s'enfuient dans le bush quant ils nous entendent arriver. Mais quand nous leur faisons de grands bonjours, ils reviennent nous voir et se sont de grands sourires et de grands bonjours. Nous garderons de cette traversée du sud Soudan des  souvenirs extraordinaires. L’accueil y était vraiment très chaleureux.

 Samedi 29 : nous partons tranquillement, la piste est presque roulante. Après toutes ces centaines de kilomètres à 20 kilomètres/heure, cela nous semble bon de rouler un peu plus vite. Nous nous arrêtons de temps en temps pour prendre des photos. Nous achetons une très belle cithare et du tabac enveloppé dans de petits paquets faits de feuilles de tabac. Nous traversons quelques belles plantations de teck.

Vers 14 heures 30, alors que nous entrons dans le village de Yambio, une 3CV comme la nôtre est garée. Nous nous arrêtons et tombons sur un français. Après quelques minutes de discussion, nous nous apercevons qu'il est VP c'est-à-dire volontaire du progrès et qu'il était au Niger. Ils nous demandent si nous n'avons pas connu un certain Daniel Laplace à Libreville... Car ils étaient ensemble au Niger. Lui s'est marié avec une Nigérienne et est venu ici pour aider les sud Soudanais réfugiés de la guerre entre le nord et le sud.

Mais qui était ce Daniel Laplace ?  Je l'ai connu à Libreville chez le père Pinus. Il s'est beaucoup occupé des enfants biafrais et a fait plusieurs voyages au Biafra, pour porter des vivres et des médicaments et aussi aller chercher ces enfants sur place pendant la guerre. Ces biafrais, ils ne savaient pas par quel bout les prendre pour les déposer à même le sol de ces avions, de vieux DC3 particuliers transformés en avion cargo, de peur de les casser tellement ils étaient maigres et faibles. Nous avons travaillé ensemble durant quatre ans. En 1976 lorsque je repars en Afrique avec Michelle, nous débarquons à Abidjan pour aller enseigner à Bouaké. A un coin de rue, nous le rencontrons. Il s'en va enseigner à Divo pour un an, une ville au centre de la Côte d'Ivoire, Nous nous arrêterons chez lui à Divo, à chaque fois que nous descendrons vers les plages paradisiaques de San Pedro et de Sassandra au sud de la Côte d'Ivoire. En 1992, alors que je faisais passer des examens au centre pénitentiaire de Nantes, je tombe nez à nez avec Daniel qui est devenu enseignant à la prison de Nantes. Le monde des rencontres est vraiment bizarre...

Nous discutons un moment avec ce VP, de ce qu'ils font dans cette région ainsi que de la guerre du Soudan entre arabes et noirs.   les arabes musulmans du nord vendaient les noirs animistes du sud comme esclaves. Il en est resté une grande animosité entre les habitants du nord et du sud de. De plus le nord est très aride et désertique, alors que le sud et beaucoup plus humide et donc cultivé. Avec ses 2 .505.000 km carré, le Soudan est le plus grand pays d’Afrique. Il est peuplée de 19 millions d'habitants.

Puis il nous indique où se trouve la case des garçons VP. Tout cela a l’air d’un manque d’encadrement et d’organisation... Ils ont l’air fatigué et un peu écœuré. Ils n'ont pas l'air d'avoir assez de nourriture et ça n’a pas l’air d’être rose.

Après avoir eu quelques renseignements sur la route à prendre, notamment qu'il ne faut pas passer par Tambura, nous reprenons la piste car les volontaires n’ont pas envie de nous avoir chez eux ce soir… Ils nous apprennent qu'une certaine Myriam Cosy est toujours au poste frontière. C'est une amie de ma famille. Elle s'occupe également des réfugiés.

Nous nous remettons en route et nous arrêtons à une dizaine de kil de Yambio. Mais un homme arrive et ne veut pas nous laisser dormir là. Nous repartons et trouvons un petit coin près d'une case d'un vieux papa à qui nous donnons un jerrican.

Le soir, la tornade arrive et une bonne pluie nous permet de prendre une douche vite fait car la pluie n'est pas très chaude. Peter est tout heureux et en profite pour laver sa voiture. Nous passons une bonne nuit, le moral est bon, nous avançons doucement mais sûrement. Les autochtones sont toujours aussi accueillants.

 

Dimanche 30 : nous démarrons tranquillement. La piste est impeccable sauf 2 ou 3 km avant Nzara. Nous avons un contrôle de police avant l’embranchement vers la frontière. À midi et nous pique-niquons et à 3 heures nous sommes au village de Yubu juste avant la frontière. Nous allons à la police pour nous faire enregistrer. Puis nous trouvons facilement la case où loge Myriam. On manque de nous claquer la porte au nez. En effet depuis plusieurs jours une foule de voyageurs s'arrête chez elle et demande l'hospitalité. Depuis que le Zaïre est fermé, c'est la seule route terrestre pour traverser l'Afrique d'est en ouest. Dès qu'elle me reconnaît, c'est l'accueil chaleureux. Nous sommes obligés de déjeuner à nouveau avec d’excellentes pintades sauvages. L'accueil a été tellement chaleureux dans ce pays que nous avons laissé les voitures ouvertes et que pendant que nous sommes à table nos deux appareils photos disparaissent. Un certain nombre de coïncidence et de faits nous laissent à penser que c'est un yougoslave logeant chez elle qui a fait le coup. Le chef de police qui est justement là le croît aussi. Bref, la soirée est gâchée et la nuit aussi, car nous venions juste de rembobiner nos deux appareils et perdons 72 photos presque exclusivement d’Africains. C’est plus que nous n’avons pris pendant tout le voyage.

 

             Lundi 31 : à 6 heures je suis debout. Je discute avec le veilleur de nuit, mais il n'y a rien à en tirer. Nous allons à la police pour donner les numéros des appareils photos. Puis à la frontière pour qu'il fouille le Yougoslave mais sans grand espoir. Car je crois qu'il les a jetés dans la brousse où donner à un arabe avant de passer. Les Arabes qui font le commerce ici passent la frontière en brousse et ne sont donc pas inquiétés. Il pourra les récupérer plus loin et pourra se vanter de voyager sans argent ( en vivant aux crochets des blancs ou même des africains et en volant les touristes ou les gens qui les accueillent… nous en avons connu du même style à la case rose à Libreville.)

Les filles qui nous accueillent sont comme les VP vus hier, elles ne sont pas enchantées de tous ces voyageurs qui passent alors qu’elles ont à peine de quoi survivre.

Je passe une  partie de la matinée à chercher dans la brousse autour de la case mais en vain. Après je vais commander des planches pour la  route... La piste est tellement mauvaise qu'on nous conseille d'emmener des planches pour pouvoir passer les ornières. À une heure nous allons chercher les planches fraîches coupées et pleines d'eau. Elles sont horriblement lourdes. Comme je suis le seul à avoir une galerie, c'est moi qui dois les prendre. Et la voiture est à nouveau ventre à terre. Puis nous retournons déjeuner et attendons les filles pour des lettres  qu'elles veulent que nous emmenions en Centrafrique. Myriam un peu gênée du vol de nos appareils photo nous laisse le sien puisqu'elle rentre en France dans quelques jours.

Puis nous prenons la piste de la frontière où les douaniers sont très sympathiques. Nous passons quand même une heure pour les deux passages. Évidemment nous ne retrouvons pas nos appareils.

Nous roulons environ deux heures et nous arrêtons dans la brousse. Nous avons doublé le Yougoslave qui marche à pieds. La soirée est très belle avec des milliers de vers luisant. Nous sommes maintenant dans la forêt équatoriale.

Je bricole un peu mon carburateur car dans les montées la voiture ne marche vraiment pas bien. La piste est moins mauvaise qu'on nous l’a annoncé. Si tout est dans cet état nous serons vite à Obo. Je me couche de bonne heure car je suis fatigué d'avoir cherché les appareils sous le soleil et dans la chaleur humide, plus la piste, plus le passage de la frontière, tout cela nous a cassé le moral…

 

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